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« On n’est pas bien là » ?


Compte rendu de la sortie à la Barre à Mine du vendredi 15 septembre 2023

TPST 8h Arnaud, Guillaume, Janguy

« On n’est pas bien là » ?

Barre à Mine - spéléos, un partout !


Il a pas mal plu dans les jours qui précèdent mais l’absence d’écoulement dans le puits d’entrée est de bon augure pour la suite. Nous ne subirons pas la douche dans les puits.


Au fil des répétitions et malgré les apparences, ce n’est jamais une routine de plonger dans ce gouffre. Comme les incidents sont rares, on imagine que statistiquement, on se rapproche obligatoirement d’un évènement, même mineur.


Mais l’expérience du corps est immédiate, instantanée ; brute de sensations ; nous nous cognons ou nous faufilons ; les appuis sont francs ou fuyants ; le gant est plein d’eau froide. Nous cherchons les meilleures façons de gérer les passages. Pas de temps pour passer et se regarder passer. Et pas de statistiques non plus !


Mais lorsqu’on cesse de s’agiter, le moulin à pensées prend le relais et les questionnements surgissent.


Aussi, l’attente, la caillante franc comtoise ou un moment pas comme les autres sont propices à la gamberge, « qu’est-ce qu’on fait là ?»

Chacun trouvera, ou pas, des arguments. Il est très difficile de répondre.


La décennie, (bientôt et demi) d’exploration suscite les mêmes interrogations. D’où viennent la patience, la détermination, la ténacité (en titane) d’Arnaud ? Quels motifs d’action sont assez puissants pour le porter sur le temps long ?


On passe la grille horizontale, c’est parti pour une nouvelle session.

J’ai demandé une modération de la vitesse de progression, une forme d’échauffement au départ, façon de dire qu’on n’est pas des machines ! Arnaud se prête sans y redire à ma requête. Guillaume ouvre la route, Arnaud fait serre file.


- « Donne-moi le kit Arnaud » il ne se fait pas prier et j’hérite du perfo. Guillaume transporte les forets qui raccrochent partout ; pas plus facile à transporter !


- « Tu me le rendras avant le puits Mo » Pas tombé dans l’oreille d’un sourd !


Première pause au bas du ressaut de 4m, ça a déjà bien chauffé sous les néoprènes. On s’hydrate.


Guillaume, pour son troisième passage à la Bam gambade gaiement à travers quadrupédie, rampings, « boites aux lettres » et chicane avant Puits Mo. Arnaud retrouve étonné son kit posé au sol, hi, hi ! je suis libre de mes mouvements.


Gamberge, le ramping serré au bas du puits d’entrée, la trémie consolidée mais menaçante, les cailloux qui glissent vers l’échelle, les passages en haut des méandres, tous ces moments et bien d’autres, appellent à une grande vigilance !


- « Arnaud ! t’as déjà pensé à indiquer à Sam (1*) les endroits où on pourrait installer un point chaud en cas de problème ?

- « ben, mis à part dehors, je vois pas ! (rires) si, il y a la salle à manger (avant les Trois Nés) pour un Portaledge, il y a aussi le vestiaire, le poste technique entre le S2 et l’échelle souple et le ressaut Jangau, enfin juste avant, on pourrait mettre une petite tente pour se protéger des embruns »

- « Ok, pense quand même à lui dire AVANT, avec un plan sous les yeux !



Justement, on arrive à l’endroit où Arnaud est tombé lors de la visite précédente, la tête la première sur le sol sableux heureusement. II ne l’a pas vu venir celle-là, Il est pourtant l’ELU (alors quelle référence de film, Guillaume ?) Par chance, il ne s’est pas blessé. Avertissement ?


Partie récemment découverte maintenant. C’est le méandre baignant d’argile liquide où l’on progresse à moitié couché, secteur particulièrement infect « qu’est-ce qu’on fait là » ?

Enfin le fond, point ultime de notre avancée. C’est le lieu où se concentre toute la tension de l’exploration, et tant d’espoirs ! C’est la promesse, tant de fois déçue, de la découverte d’un collecteur. Promesse qui a justifié les grosses fatigues, l’épuisement parfois, les courbatures et les bleus du lendemain. C’est LA CAUSE pour laquelle Arnaud et ses soldats se battent depuis 13 ans !


Rêve éveillé, En 2120, un arrière arrière petit-fils d’Arnaud se penche sur des archives portant sur les réseaux souterrains de France et découvre qu’un spéléologue, qui porte son nom, a découvert presque cent ans auparavant un immense collecteur en Franche Comté.

C’est le réseau de la Barre à Mine, 15 km de développement pour 130m de profondeur. Mais la frustration est grande à cette époque car le gouffre est trop sélectif pour devenir une classique !


Si seulement ! Mais retour au réel, exposés au courant d’air, nous commençons à avoir froid malgré les néoprènes. Et Le résultat du travail précédent est assez décevant, 2 mètres à peine de gagnés !


Retour ! Guillaume taille la route, devant. On est plutôt guillerets, on a fait notre taf. Il faut encore rester concentré trois heures pour revoir la lumière du jour.

Puis soudain, Je le retrouve après le puits Mo entre le Col et de début de la reptation aquatique de 15m.


Qu’est-ce qu’il f… ? Il est debout au fond du méandre et ne bouge pas, « je vous attendais », « j’ai glissé sur deux mètres depuis le Col et je ne peux pas sortir tout seul »


Guillaume ne peut plus remonter et impossible de le tracter. Reste la solution de quitter la place par le fond en s’allongeant. Le premier essai n’aboutit pas, notre compagnon s’incruste davantage dans les sinuosités de la pierre. J’essaye de le tracter, rien à faire. Mais Arnaud tire plus fort au risque de lui arracher le bras et ça marche ! Quel homme !


Ouf, Je me suis dit qu’on était rattrapé par les fameuses statistiques ! On a eu chaud. On appelle ça un auto-secours. Cette expérience de la contention forcée n’est pas sans conséquences. Je sais bien que Guillaume est éprouvé et qu’il aura besoin d’un peu de temps pour récupérer psychologiquement. Mais c’est un baramineur, donc un warrior, et « tout ce qui ne vous tue pas vous rend plus… ! » Alors référence ?



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